eric.steffen@dette-publique.com Pour
évaluer la santé financière de l’Etat
français, la pensée « main stream »
se construit sur les concepts de dette, de dépense, de
déficit public et sur le ratio DETTE / PIB sans jamais
s’interroger sur la pertinence de ces notions. Et si ces
fondements conceptuels étaient contestables quel crédit
accorder à cette pensée ?
Un
mortel doit restituer tout l’argent qu’il emprunte. S’il
fait rouler sans fin ses crédits, il sera un jour lâché
par ses créanciers lorsque son espérance de vie
deviendra trop incertaine. Parce qu’il est mortel un être
humain est forcé de rembourser. Cette obligation s’appelle
une dette.
Les
entreprises, les établissements financiers et surtout les
États ne sont pas soumis à la certitude de la mort.
Ils sont à l’abri du vieillissement et le plus souvent
se consolident avec le temps. Avec prudence, ces organismes peuvent
faire rouler leurs emprunts jusqu’à l’infini.
Devoir de l’argent quand on est immortel n’a pas les
mêmes conséquences que lorsqu’on est mortel.
Puisque la finitude ne le concerne pas, le terme de dette est
inapproprié pour désigner les obligations financières
d’un État. La dette publique n’existe donc pas.
La
pensée économique « main stream »
considère qu’un État fonctionne financièrement
comme une personne humaine, puisqu’elle retient la notion et
le terme de dette pour désigner les emprunts publics. En
appliquant à un immortel le modèle économique
d’un mortel, elle commet une erreur de logique.
Pour
éviter cet écueil on doit analyser les finances
publiques de façon différente.
Tout
au long de sa vie un citoyen bénéficie de services de
la part de l’État. Si l’on comptabilise les coûts
de son éducation, de sa santé, de sa retraite et de
toutes les prestations régaliennes (justice, sécurité,
infrastructures, défense, etc.), on atteint un total qui
représente plus de 50 % des richesses que consomme un
individu dans sa vie.
En
échange de ces services reçus, un citoyen accumule des
dettes auprès de la Puissance Publique qu’il rembourse
sous forme d’impôts et de cotisations. En conséquence
un État ne dépense pas, il prête. Avec ses
administrés, il cultive une relation de créancier à
débiteur.
Lorsqu’il
emprunte pour servir sa population, un État ne s’endette
pas car le passif engendré est compensé par l’actif
des créances implicites que constitue son droit de lever
l’impôt en échange des prestations fournies. Le
rôle des prélèvements obligatoires n’est
pas d’équilibrer des budgets mais de rembourser des
dettes d’êtres mortels envers un État immortel.
Prêter, ce n'est pas dépenser. Comme la dette publique,
la dépense publique n’existe pas. Ce sont deux erreurs
de logique que de les invoquer.
En
France, les discours économiques « main stream »
qui dénoncent la dette et la dépense publique sont
suivis par tous les gouvernements. Ces paroles, en s'appuyant sur
des notions fausses, commettent des erreurs de raisonnement qui
concluent que nos finances sont désastreuses alors même
qu’elles sont florissantes. La méconnaissance de cette
très bonne santé est néfaste en une époque
d’immenses mutations et de grands dangers. Nous nous privons
de ressources abondantes pour financer des réformes et des
investissements indispensables.
Les
finances publiques françaises n’ont pas à être
redressées, elles sont très saines.
Si
dettes et dépenses publiques n’existent pas, l’État
peut-il emprunter sans contraintes ? La réponse est non.
Il
existe des organismes qui empruntent de gros volumes et pour
lesquels le terme de dette n’est jamais évoqué
mais qui cependant sont soumis à des contraintes. Ces
organismes, immortels, sont les banques. Les banques empruntent pour
placer des crédits auprès de leurs clients. Elles
contractent des masses d’emprunts, mais on ne dit jamais
d’elles qu’elles ont des dettes mais des engagements.
Le
terme d’engagement est retenu car lorsqu’une banque lève
des capitaux pour financer des crédits, le passif de ses
emprunts est immédiatement compensé par l’actif
que représentent les reconnaissances de dettes qu’elle
détient alors auprès de ses clients. Le passif des
emprunts est égal à l’actif des créances.
Un engagement au sens financier, ce sont des obligations équilibrées
par des créances. Comme les banques prennent des marges sur
les taux d’intérêts, elles prospèrent avec
un actif qui rapporte plus que le coût du passif.
Mais
cette situation n’est pas sans risque : le défaut de
paiement des clients. Pour se prémunir, les banques doivent
respecter des règles prudentielles.
Très
schématiquement le principe est le suivant : pour chaque
catégorie de clients, on définit un risque de défaut.
Par exemple 10 % pour un certain type de clients. Si une banque veut
leur accorder 100 millions d'euros de prêts, elle a
l’obligation d’avoir l’équivalent du risque
(10 millions d'euros) en réserve sous forme de capitaux
propres.
C’est
pourquoi surveillé par des règles prudentielles,
malgré leurs masses d’emprunts, le modèle
économique des banques est sain et prospère, car la
hauteur des engagements est limitée par les fonds propres et
le taux de risque.
L’ensemble
des règles prudentielles est déterminé par les
accords dits de Bâle 3 auxquels les banques ont l’obligation
de se conformer pour être dignes de confiance. In fine ces
accords permettent généralement aux établissements
financiers une autorisation d’engagements égale à
dix fois leurs fonds propres.
Tel
est le modèle économique solide des banques. Si demain
on les obligeait à ne prêter qu’à hauteur
de leurs fonds propres, on assisterait à un effondrement de
l’économie mondiale. L’avenir ne serait plus
financé.
Il
en va de même pour l’État : si demain on
obligeait ce dernier à ne dépenser que ce qu’il
prélève, ce serait l’effondrement de la société.
Cela prouve que le modèle économique d’un État
moderne est semblable à celui des établissements
financiers. À l'instar des banques, les États se
refinancent par l’emprunt. Ils ne dépensent pas, ils
prêtent à leurs clients qui sont leurs administrés.
Les prélèvements obligatoires ne sont pas des sommes
destinées à équilibrer des budgets mais sont
des remboursements de crédits. Les États n’ont
pas de dettes mais des engagements qui sont équilibrés
par leur droit de lever des impôts et des cotisations.
Pour
prospérer les banques doivent faire rouler leurs engagements
pour dégager des profits. Et dans le respect des règles
prudentielles, plus elles ont d’engagements plus elles
accumulent les bénéfices. De même les États
doivent faire rouler leurs engagements pour le bien-être de
leurs concitoyens. À l’image des banques, les États
ne peuvent prospérer qu’avec des emprunts. Et, dans le
respect de règles prudentielles, plus les États ont
d’engagements, mieux ils peuvent servir leur population.
Pourtant
la pensée « main stream » plaide pour la
réduction des déficits et le désendettement de
l’État. Avec pour argument, en évoquant la mort,
qu’il n’est pas bien en vivant au-dessus de ses moyens
de transmettre des dettes à ses enfants. Cette idée
est une erreur emblématique car elle équivaut à
appliquer à l’État immortel un modèle
économique de mortels. Compte tenu de son éternité,
le fonctionnement financier d’un État ne peut pas se
penser comme celui d’un foyer. On ne reproche jamais à
un banquier, pourvu que ses créances soient de qualité,
de transmettre à ses heureux héritiers un
établissement avec un passif important d’emprunts.
Comme leurs ancêtres, en faisant rouler les engagements, les
descendants accumuleront des profits. De la même manière,
pour garantir la prospérité de leur pays, les
générations futures feront rouler les engagements
publics.
En
donnant, priorité à l’équilibre dépenses
/ recettes et à la nécessité de rembourser la
dette, on gère l’État comme un foyer. Ce
prétendu bon sens est néfaste.
Pour
contrebalancer le passif des emprunts, ce qui est essentiel pour un
État, c’est la solvabilité de ses débiteurs
que sont les assujettis. Ce qu’il faut prendre en compte pour
la soutenabilité ce n’est pas l’équilibre
annuel des budgets et encore moins le ratio dette sur PIB mais la
bonne santé économique des citoyens et des
entreprises. C'est parce qu'il n'était plus possible de
prélever sur leur population devenue trop pauvre que des pays
comme l'Argentine se sont retrouvés en défaut de
paiement.
Ainsi,
comme les banques, un État n’a pas de dettes mais des
engagements. Il ne dépense pas, il prête. Il n’y
a pas de dépense publique, mais un prêt public.
Engagements et prêt public sont les deux concepts fondamentaux
pour analyser la situation financière d’un État.
Cette méthode, en renvoyant au second plan la question
budgétaire, ouvre des perspectives plus saines et plus
optimistes. Les impôts et les prélèvements
obligatoires doivent être déterminés pour
assurer la solvabilité de l’État et non pour
équilibrer des budgets : le prudentiel plutôt que le
budgétaire.
En
2022 les actifs financiers des administrations publiques sont 1 689
milliards d’euros (source Insee Fipeco). Ils sont composés
essentiellement d’actions (participations de l’État
dans des sociétés notamment). Ils sont détenus
à hauteur de 56% par les administrations centrales et a
hauteur de 30% par les administrations de sécurité
sociale. Ces 86% représentent 1452 milliards. Ces titres
sont négociables à court et moyen terme. Parmi eux il
y a les réserves de changes (or et devises) à hauteur
de 245 milliards négociables à très court
terme. Ces 1452 milliards peuvent être considérés
comme les fonds propres de l’État. Si
l’État français était une banque, il
disposerait selon les critères de Bâle 3 d’une
autorisation d’engagements de 14 520 milliards d'euros (dix
fois les fonds propres). Ceux de la Puissance Publique sont de 3000
milliards d'euros. Ce qui est très peu et fait de l’État
français un établissement financier très
solide. Son efficacité à faire rentrer les
prélèvements le dote de créances de très
grande qualité avec un risque de défaut beaucoup plus
faible que les banques classiques. D’où un coefficient
qui pourrait être nettement supérieur à 10 fois
les fonds propres.
Capable
d’autoriser des engagements (dette) allant largement au-delà
des 14 520 milliards d'euros.
De
plus dans une logique prudentielle et à la différence
des établissements financiers, il existe pour la France des
atouts supplémentaires d’ordre immatériel qui
sont principalement :
.
Notre haut niveau de prélèvements et de redistribution
.
La croissance
.
L’absence du risque de « banque run »
.
Les effets induits des sommes injectées dans l’économie
Notre
haut niveau de prélèvements et de redistribution est
un atout prudentiel très important. Il joue un rôle
d’amortisseur qui freine les effets récessifs des
retours de conjoncture.
La
croissance augmente mécaniquement les revenus de l’État
et permet, si besoin est, d’augmenter les impôts sans
faire baisser le reste disponible. En effet si T est le taux de
prélèvement DT l’augmentation de ce taux et E le
taux de croissance un calcul très simple démontre que
si :
le
reste disponible pour les assujettis s’accroit même si
les prélèvements augmentent.
Pour
plus d’informations sur cette formule voir l'annexe ci-dessous
ou
le livre ‘ Le mensonge de la dette ‘ édité
aux éditions Le Publieur,
En
termes prudentiels, la croissance est un élément
essentiel puisqu’elle permet d’augmenter, si nécessaire,
les impôts sans faire baisser le net disponible. Elle renforce
la solvabilité des assujettis. Elle améliore la
qualité des créances.
Le
« banque run » est la terreur des banques, lorsque
paniqués de tout perdre leurs clients se précipitent
pour retirer leurs avoirs. Il est évident qu’un État
n’a pas à affronter ce risque.
Lorsque
l’État injecte, par l’emprunt, de l’argent
dans l’économie, il soutient l’activité.
Ce qui augmente les rentrées fiscales. Pour calculer la
charge des engagements, ces rentrées doivent être
déduites des intérêts payés. En affirmant
que le cumul des intérêts de ce qu’elle appelle
la dette devient un des premiers poste budgétaire, la pensée
« main stream » oublie de déduire ce que
rapporte l’argent injecté et se trompe en confondant
coût et charge. La charge des engagements est égale aux
intérêts soustraction faite des rentrées
fiscales dues aux effets induits. Cette différence peut être
parfois négative et, dans ce cas on n’a pas une charge
mais un produit. Affirmer que la charge de la dette, correspond au
cumul des intérêts des emprunts est une erreur qui
conduit à vouloir limiter les engagements au nom d’un
très mauvais calcul. Un déficit, s’il génère
suffisamment de croissance, peut s’autofinancer et même
parfois rapporter plus que ce qu’il coûte.
Notre
très grande qualité prudentielle, reconnue par les
marchés, est un patrimoine qui appartient aux citoyens. Pour
leur malheur, la pensée « main stream »
leur confisque.
Nos
marges financières sont énormes. Malgré une
hausse constante des engagements depuis des décennies, cette
manne explique pourquoi la France ne se fracasse toujours pas contre
le « mur de la dette ». Dans une logique
prudentielle, qui seule compte pour les marchés financiers,
le mur est très loin. Ceux qui se répandent en
proclamant que la dette de la France est abyssale mentent aux
Français.
Bien
cachée, la très bonne santé de nos finances
publiques est saluée par les organismes financiers du monde
entier. Chaque semaine, auprès de France Trésor, aussi
férocement que discrètement ils jouent des coudes pour
parvenir à prêter à la France.
L’analyse
budgétaire, qui retient le terme de dette plutôt que
d’engagements, s’adosse essentiellement à deux
indicateurs incohérents : le déficit public annuel et
de ratio dette sur PIB.
Le
plus discutable des deux s’agissant d’emprunts, est le
ratio dette sur PIB. Mathématiquement, ce ratio est une
ineptie puisqu’il confronte un PIB annuel à une dette
qui s’étend sur des années. De plus, pour
ajouter à l’incohérence, la dette est un montant
propre à l’État, alors que le PIB représente
la richesse produite essentiellement par le secteur privé.
Ce
n’est pas tout. Puisque c’est le pourcentage qui compte,
on pourrait, dans la misère, avoir un ratio dette sur PIB
très favorable avec un tout petit PIB et une toute petite
dette. Ceci prouve que cet indicateur est désastreux pour
comparer les pays. Pourtant la pensée « main stream
» ne fait que ça.
Ce
ratio, devenu le pilier des jugements sur les finances publiques,
n’est représentatif de rien. Pour preuve le Japon qui a
un ratio au moins deux fois plus élevé que celui de la
France est loin d’être au bord de la faillite.
Comme
c’est avec ses prélèvements que l’État
assure sa solvabilité, il existe un ratio qui a du sens.
C’est celui de dette publique sur montant des prélèvements
obligatoires. Ceux-ci constituant les revenus de l'État, on
obtient la comparaison d’une dette avec un revenu. Ce qui est
beaucoup plus significatif et plus cohérent. Dans ce cas
seules des sommes propres à l’État interviennent
pour donner une meilleure appréciation de la soutenabilité.
Ce ratio est très facile à calculer. Il suffit pour
chaque pays de diviser ses engagements par son PIB multiplié
par son taux de prélèvements obligatoires. Il compare
mieux les pays puisqu’il intègre les taux de
prélèvements de chacun. Ce que ne fait pas le ratio
dette sur PIB.
En
2022, cela donne en pourcentage pour les principaux Pays de l’Europe
des 27 le tableau suivant :
PAYS DETTE
SUR PRELEVEMENT
Suède
75,9
Pays
Bas
126,9
Pologne
130,2
Danemark
140,2
Allemagne
149,3
Luxembourg
161,8
Finlande
169,4
Autriche
179,4
Irlande
204,1
Hongrie
215,6
Belgique
228,5
France
237,4
Espagne
290,2
Portugal
302,9
Italie
331,2
Grèce
412,8
UE
201,4 Dans
ce tableau la France est mieux classée que dans celui du
ratio DETTE / PIB.
Ces
ratios indiquent que la dette française représente
237,4 % du revenu annuel de l’État. Ce qui signifie que
l’État français a comme dette, moins de deux ans
et demi de revenu annuel. N'importe quel bon père de famille,
qui a emprunté pour acheter une maison et qui a quelques
prêts à la consommation dépasse un endettement
très au-delà de deux ans et demi de revenus annuel
sans que l’on crie au surendettement.
Si
dans la logique de la pensée « main stream »
on considère l’État comme un foyer, alors son
endettement est très faible. Et la différence entre la
France et l’Allemagne est minime puisqu’elle n'est que
d'un an.
Il
est à noter que l’Europe des 27 a une dette publique
totale qui n'équivaut qu'à deux ans du total des
revenus publics annuel de ses États. Ce qui est très
peu, trop peu, et interroge sur les retards de l’Europe. (voir le rapport Draghi)
En
débouchant sur le Pacte de Stabilité le traité de Maastricht nuit gravement à l' Europe. En terme budgétaire en 2023, avec un taux de prélèvement
obligatoire de 46 % , si la France respectait les critères de
Maastricht (une dette inférieure à 60% du PIB),
l’endettement de l’État ne représenterait
que 1,3 année de ses revenus.
En
terme prudentiel cela représenterait 1581 milliards d’euros
d'engagements (60% du PIB). Soit 1,08 fois les fonds propres de
l’État (1452 milliards). Ce qui est très
faible. Bâle 3 autorise jusqu’à dix fois.
Que
ce soit en termes prudentielles ou budgétaires les exigences
du traité de Maastricht autorisent des engagements trop
faibles qui sont incompatibles avec les besoins de développement
d’un pays comme la France. Ceci prouve que ce traité
est nocif. Il s'ajoute, avec celui de Versailles, à la
lugubre liste des traités désastreux pour l’Europe.
Est
appelé dépense publique le cumul de ce que l’État
paie. Mais est-ce la vérité ?
Lorsque
l’État paie, il ne dépense pas. Il prend dans la
poche de l’un pour mettre dans la poche de l’autre. Pour
les retraites, il prend dans la poche des jeunes pour mettre dans la
poche des aînés. Pour payer des dépenses
d’infrastructures, il prend dans la poche des contribuables
pour mettre dans la poche d’entreprises. Pour financer le
chômage, il prend dans la poche des travailleurs et des
entreprises pour le mettre dans la poche des chômeurs. Et
ainsi de suite. L’État ne dépense pas, il prête
et redistribue.
Lorsqu’un
ménage paie en échange d’un bien ou d'un
service, une fois le produit livré le phénomène
économique est clos. Lorsque l’État fait de même
il injecte de l’argent dans l’économie dont les
effets induits augmenteront ses rentrées fiscales. Quand
l’État paie il perçoit de l’argent en
retour. Ce n’est pas le cas des ménages. En utilisant
le même mot «dépense» pour qualifier
deux mécanismes différents, la pensée «
main stream » se perd dans la confusion.
La
notion de dépense publique étant très ambiguë,
le concept de déficit budgétaire n’a pas
beaucoup de pertinence. Sous le contrôle du prudentiel, sa
place est celle d’un indicateur parmi d’autres. On ne
dit jamais d’une banque que ses prêts sont des dépenses.
Il devrait en être de même pour l’État dont
le modèle économique est celui d’un
établissement financier. La dépense publique est une
notion contestable.
In
fine l’État fait circuler de l’argent et, par
l’emprunt, crée de la monnaie. Son fonctionnement est
parfaitement semblable à celui des banques, qui font de même
pour générer de la valeur. C’est donc bien en
établissement financier que l’État doit se
réfléchir. La pensée « main stream »,
à commencer par la Cour des comptes, ne le fait pas. Elle
place la question budgétaire au premier plan en pensant
l’État comme un foyer. Obsédée par le
déficit cette pensée ignore le plus important : le
prudentiel. Cet aveuglement, conséquence d’erreurs de
logique dues à de mauvais fondements conceptuels, prive
dramatiquement le pays de financements aussi importants que
raisonnables.
Eric
Steffen
Les
meilleurs niveaux de vie se trouvent dans les pays où les
taux de prélèvements sont les plus forts. On y trouve
des pouvoirs d’achat élevés et des systèmes
sociaux avancés. Les pays d’Europe du Nord sont
l’exemple et la preuve. L’histoire économique
prouve que lorsqu’il y a une croissance continue des taux de
prélèvements, le pouvoir d’achat et la justice
sociale prospèrent ensemble pour une population plus riche
dans un pays plus juste.
Que
la justice sociale s’épanouisse avec les prélèvements
n’est pas une surprise. Cependant, que la croissance des
prélèvements n’empêche pas la progression
des revenus disponibles est plus étrange. Plus la puissance
publique prélève, plus le peuple dispose d’argent.
Il y a là, en apparence, une sorte de contradiction. Ce
mystère s’explique aisément par la résolution
du petit problème mathématique exposé
ci-dessous.
Situation
1
Un
individu reçoit un gâteau dont on lui prélève
un certain pourcentage. Il lui reste donc une certaine quantité
de gâteau disponible.
Situation
2
Au
même individu on donne un gâteau plus gros mais on
augmente le pourcentage de prélèvement. De combien
peut-on augmenter le taux de prélèvement pour que sa
quantité de gâteau disponible ne diminue pas et même
augmente par rapport à la situation 1.
Si
T est le pourcentage initial de gâteau prélevé,
DT la variation de ce pourcentage et E le taux de croissance du
gâteau, un calcul très simple prouve que, avec une
croissance positive, si la relation ci-dessous est vérifiée
voir
démonstration ci-dessous.
la
quantité de gâteau disponible et le pourcentage de
prélèvement peuvent augmenter ensemble.
Exemple
:
Soit
un gâteau de 1000 g et un prélèvement de 40 %.
Le
prélèvement est de 400 g.
Donc
il reste une part de gâteau de 600 g (1000 g –
400g )
Soit
une croissance de ce gâteau de 5 % : on a un gâteau de
1050 g.
Dans
ce cas DT = 0,0286 (aux arrondis près) d’où une
augmentation de prélèvement maximum de 2,86 % pour que
la part de gâteau reste à 600 g.
Donc
pour un nouveau taux de prélèvement de 42,86 % ( 40% +
2,86 %) on a :
un
nouveau prélèvement de 450g (1050 g x 0,4286 = 450 g
aux arrondis près)
donc
une quantité de gâteau disponible inchangé de
600 g ( 1 050 g – 450 g)
Tant
que le nouveau prélèvement ne dépasse pas 42,86
% au lieu de 40 % la quantité de gâteau disponible
augmente.
D’un
point de vue macro-économique si E représente le taux
de croissance du PIB et T le taux de prélèvement on
peut affirmer que :
Tant
que cette formule liant le taux de prélèvement et la
croissance est vérifiée, le reste disponible pour les
assujettis augmente malgré la hausse des prélèvements.
Ainsi
avec de la croissance, le taux de prélèvements et le
revenu net disponible peuvent augmenter conjointement. Nous avons
l’explication du mystère évoqué plus haut
où la pression fiscale et les revenus progressent ensemble.
Cette
formule, d’un point de vue fiscale, peut être utilisée
pour surtaxer les hauts revenus ou les dividendes excessifs sans les
faire baisser.
On
peut calculer une surtaxe personnalisée puisqu'elle
dépendrait de la croissance (le E dans la formule) de chacun.
En
appliquant cette formule, on peut limiter ou même supprimer la
progression du revenu net d'un foyer riche.
Exemple
:
Soit
un foyer au revenu de 300 000€ par an et un taux de prélèvement
de 35 %.
Impôts
: 105 000 € (300 000 € x 0,35 ).
Revenu
net : 195 000 € ( 300 000 € - 105 000 €)
Soit
en un an, une croissance de ce revenu de 10 % qui monte à 330
000 €.
Dans
ce cas DT = 0,05909 (aux arrondis près) d’où une
augmentation de prélèvement maximum de 5,909 % pour
que le net disponible baisse pas.
En
effet :
Nouveau
taux de prélèvement maximum : 40,909 % (35 % +
5,909%).
Donc
aux arrondis près un impôt maximum de 135 000 €
(330 000 € x 40,909).
Revenu
net bloqué de 195 000 € (330 000 € - 135 000
€)
Tant
que le nouveau taux de prélèvement ne dépasse
pas 40,909 % au lieu de 35 % le revenu net progresse malgré
l'augmentation de la pression fiscale.
Comme
ce sont le plus souvent les hauts revenus qui croissent le plus
vite, cette formule peut être un outil pour freiner les
inégalités sans diminuer le net après impôts.
De
même en cas de surprofits, on peut appliquer la formule pour
personnaliser l'impôt sur les sociétés pour
exceptionnellement réduire les dividendes sans en interdire
la progression.
Le
concept de dette publique : une erreur de logique
Un
État ne dépense pas, il prête
Les
règles prudentielles
Un
État n’a pas de dettes mais des engagements
Des
règles prudentielles plutôt que des règles
budgétaires
L’État
français, un établissement financier sain et solide
Les
ravages de l’analyse budgétaire
Un
ratio qui a du sens : dette sur prélèvements
obligatoires
Le
traité de Maastricht : un désastre
L’État
fait circuler l’argent et, par l’emprunt, crée de
la monnaie
ANNEXE
Pourquoi
la pression fiscale et les revenus peuvent croître ensemble
Une
formule pour freiner les inégalités sans faire baisser
les revenus des plus favorisés
Démonstration
de la formule